2. Inclusion, expériences subjectives et conditions de socialisation des enfants et adolescents "institutionnellement reconnus à Besoins Educatifs Particuliers"

Publié le 5 février 2013 Mis à jour le 18 mars 2024
Objectifs
Il s’agit d’étudier, au travers du prisme du handicap et/ou des BEP (HPI, TDAH …), des processus de socialisation chez des enfants et des adolescents dans leurs rapports aux normes collectives et aux valeurs, notamment scolaires mais également familiale et environnementale.
Contexte scientifique
Ces travaux s’inscrivent dans un contexte de relative rareté des travaux sur les élèves identifiés à BEP ou en situation de handicap (en France notamment et en psychologie du développement en particulier), contrairement à l’intérêt croissant pour ce champ de recherche dans les pays scandinaves ou d’Amérique du Nord depuis plus de 20 ans. Nos études considèrent l’enfant ou l’adolescent comme auteur de son propre développement, dans une interstructuration dynamique du sujet et des institutions. Elles promeuvent une démarche collaborative dans une volonté affirmée d’associer aux différentes phases de la recherche les enfants / adolescents ainsi que leurs proches et les professionnels qui les accompagnent.

C’est dans cet axe que s’inscrivent les thèses de doctorat suivantes :
- Celle de Mélanie Sulmona-Cossu (en cours) qui vise à analyser le sens de l’expérience scolaire et les conditions de socialisation des élèves de primaire identifiés TDAH (direction de thèse Amélie Courtinat-Camps)
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Celle de Valérie Laloum (soutenue en 2017) qui s’est intéressée à l’orientation des élèves en Ulis école et au processus de médicalisation des difficultés d’apprentissage (direction de thèse : Myriam de Léonardis)
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Celle d’Émilie Chevallier-Rodrigues (soutenue en 2016) qui visait à analyser les effets du contexte de scolarisation (CLIS, ULIS, IME) sur la construction identitaire d’enfants en situation de déficience intellectuelle (financement CDU) (co-direction de thèse : Amélie Courtinat-Camps et Myriam de Léonardis)

- Celle de Marie-Amélie Martin (soutenance prévue 1er trimestre 2024) qui s’intéresse aux fonctions des expériences fraternelles dans la socialisation des adolescents identifiés à haut potentiel intellectuel (financement CDU) (co-direction Amélie Courtinat-Camps et Myriam de Léonardis)


ÉTUDES EN COURS

Cette première étude permet d'articuler les thématiques 1 et 2 développées dans l'équipe :

Sécuriser les transitions professionnelles en milieu ordinaire d’élèves de lycées professionnels en situation de handicap intellectuel et psychique (resp. : V. Capdevielle et F. Savournin) (2021-2023)
À partir de l’analyse du point de vue d’élèves de Lycée Professionnel (LP), des équipes éducatives et des tuteurs de stage en entreprise qui les accompagnent, nous montrons comment les pratiques mises en œuvre au sein des ULIS (Unités Localisées pour l’Inclusion Scolaire) et du dispositif expérimental PAIP (Plan d'Accompagnement à l’Inclusion Professionnelle de l’Académie de Toulouse) contribuent à sécuriser les transitions qui jalonnent le parcours des élèves et l’accès au droit à l’emploi.

Objectifs
L’entrée dans le monde du travail des élèves en situation de handicap (ESH) constitue un enjeu majeur de société. En 2018-2019 en France, 21143 ESH ont été accueillis en LP (16178 élèves en classe ordinaire et 4965 inscrits en ULIS) (DEPP, 2019). L’enseignement professionnel (EP) prépare la majorité des ESH à une insertion en milieu ordinaire. À l’intersection des systèmes éducatif et productif, il constitue un univers spécifique caractérisé par une dualité des contextes de formation (lycée et entreprise) et par l’importance des processus de relégation scolaire ou de discrimination qui touchent l’ensemble de ses publics. De ce fait, la formation des ESH se fonde sur un paradoxe : leur scolarisation en milieu ordinaire se fait dans le contexte profondément inégalitaire de l'enseignement professionnel. Doit-on alors considérer que leurs difficultés sont majorées par les spécificités du Lycée Professionnel ou qu’au contraire l’intervention des équipes éducatives est susceptible de faciliter leur scolarisation ? Comment dans ce contexte les ESH psychique et intellectuel vivent-ils les étapes qui organisent les transitions entre l’École et le monde du travail (sortie du collège, entrée en stage et sortie de LP avec ou sans diplôme) ? Quelles sont les pratiques d’accompagnement mises en œuvre par les différents professionnels favorables à la sécurisation des parcours des jeunes adultes en SH ?

Cette recherche collaborative analyse le point de vue des ESH, des équipes éducatives et des tuteurs de stage sur les pratiques d’accompagnement vers le monde du travail. Elle s’appuie sur le dispositif expérimental Plan d'Accompagnement à l’Inclusion Professionnelle (PAIP) en direction des jeunes en SH mis en œuvre par le Rectorat de Toulouse. L’enquête articule des recueils de données par entretiens et focus group fondés sur les regards croisés des acteurs (ESH scolarisés via le dispositif ULIS, jeunes adultes en SH en emploi, équipes éducatives, tuteurs de stage). Nous étudions les conditions qui permettent aux jeunes adultes d'accéder à l’emploi en milieu ordinaire. Il s’agit de faciliter leur accès aux droits, à la citoyenneté et à l’autonomie.
Durée :  24 mois
Financement : Fondation Internationale de la Recherche Appliquée sur le Handicap (FIRAH) / Appel à projet 2020 « Parcours professionnels des personnes handicapées – Comment sécuriser les transitions professionnelles ? »
Partenaires :  UMR EFTS (UT2J).

Comment sécuriser les transitions professionnelles ? - 2020 (firah.org)
app2020_015-presentation-longue.docx (live.com)



L’orientation scolaire des élèves soutenus par le dispositif ULIS en fin de troisième : continuités des pratiques et des représentations, discontinuités des parcours ? (TrajUlis) (2021-2024)

Contexte
La scolarisation des élèves en situation de handicap à l’école ordinaire s’impose depuis les années 2000 sur l’agenda politique de la plupart des pays occidentaux. En France, les travaux de la DEPP montrent qu’elle est quantitativement allée bon train, en particulier grâce à l’expansion des unités localisées pour l'inclusion scolaire (Ulis) qui concernent, depuis 2015, l’ensemble du cursus jusqu’à la fin de l'enseignement obligatoire. Cependant, les chiffres recouvrent des réalités qualitatives variées et nous disposons d’un corpus de données encore très parcellaires sur les élèves scolarisés avec l'appui du dispositif Ulis. À l’échelle nationale, les performances scolaires de ces élèves commencent à faire l’objet d’une investigation plus précise (DEPP, 2019) ; les données françaises de l’enquête internationale Health Behaviour in School-aged Children (HBSC) permettent également de nourrir les analyses sur le sentiment de bien-être au collège de ces élèves, et de développer la thématique de la qualité de vie à l’école (CNESCO, 2017). En revanche, à notre connaissance, aucune analyse d’ensemble sur les inégalités de trajectoires de ces élèves scolarisés avec l’appui d’un dispositif Ulis n’a encore été proposée.

Objectifs et questions de recherche
Quelques travaux récents ayant été initiés en ce sens sur les discontinuités de parcours (Bourdon, 2019, 2020), nous souhaitons creuser ce sillon en ciblant notre enquête sur le turning point que constitue, pour les élèves scolarisés en Ulis, la fin de l’enseignement obligatoire et ses suites immédiates.
Le projet TrajUlis vise ainsi à intégrer trois objectifs :

- Renseigner dans une perspective longitudinale la diversité des parcours des élèves scolarisés avec l’appui d’une Ulis-collège ou d’une Ulis-lycée professionnel (continuités, ruptures, bifurcations lors de la transition vers l’au-delà de l’enseignement obligatoire) ;

- Éclairer la variété des représentations que les jeunes comme les professionnels dans les établissements scolaires enquêtés développent à l’égard de l’orientation scolaire des élèves en situation de handicap : quelles sont leurs sources d’information, quelles significations accordent-ils à la politique d’inclusion scolaire dans son ensemble et en contexte situé, comment se l’approprient-ils, à quels arbitrages et à quels dilemmes cette appropriation donne-t-elle lieu ?

- Comparer la fabrication de l’orientation des élèves Ulis entre des configurations contrastées d’établissements scolaires situés dans trois académies distinctes, pour évaluer les différences locales de régulation intermédiaire de l'enseignement secondaire inclusif.
 

Méthodologie et terrains
TrajUlis s’appuie pour ce faire sur une méthodologie mixte, combinant d’une part l’analyse de données secondaires des trois académies relatives à l'orientation des élèves Ulis à la fin du collège, et le suivi d’une cohorte d’entre eux (entretiens individuels) sur chacun des établissements sur 2 ans, pendant la transition fin de 3ème - post-collège ; d’autre part, une série de focus-groupes pluri-professionnels par établissement, doublée d’une série d’entretiens auprès des seuls coordonnateurs Ulis. Enfin, de séquences d’observations des moments-clés de l’orientation scolaire en établissement, ainsi que des commissions académiques d’affectation et d'orientation en Ulis Lycées. TrajUlis nourrit le volet français d’une perspective de comparaison franco-canadienne sur « l’inclusion scolaire segmentée » des élèves en situation de handicap.
Durée : 36 mois
Financement :  Institut de Recherche en Santé Publique (IRESP) ; Caisse Nationale de Solidarité pour l’Autonomie (CNSA) ; Appel à projets 2020 « Autonomie : personnes âgées et personnes en situation de handicap ».
Responsable scientifique :
Hélène Buisson-Fenet, CNRS, Triangle - UMR 5206
Partenaires :
- Marie Toullec, coordonnatrice participante, CREN - EA 2661 (Nantes)
- Amélie Courtinat-Camps, coordonnatrice participante, LPS‐DT - EA 1697 (Toulouse)
- Florence Savournin, coordonnatrice participante, EFTS - UMR MA 122 (Lyon)
 

Lien vers projet TRAJULIS

ÉTUDES ANTÉRIEURES

« Vie sociale et handicap rare : entre restrictions et environnements « capacitants » : Etude comparative auprès de personnes en situation de handicap rare / non rare et de leurs familles » (resp. : M. de Léonardis) (2014-2017)

Ce projet visait à analyser les spécificités de participation à la vie sociale d’enfants, d’adolescents et de jeunes adultes en situation de handicap rare. Plus précisément, il s’agissait d’identifier les restrictions perçues de leur participation mais aussi les leviers favorisant le développement de conditions de vie les plus favorables à ces personnes et à leurs proches. Une des originalités a consisté à s’intéresser aux points de vue croisés d’enfants en situation de handicap et de leurs parents. Elle proposait une démarche comparative (handicap rare versus handicap non rare) afin de mettre en exergue les spécificités liées au handicap rare.
Durée : 36 mois
Financement :  GIS- IREsP / INSERM.
Partenaires : GRHAPES (INSHEA – EA 7287)

« Etude qualitative de l’expérience de l’inclusion scolaire. Points de vue croisés d’élèves et d’enseignants » (2018-2020).
Cette recherche pluridisciplinaire associait des chercheurs en psychologie du développement et en sciences de l’éducation. Elle s’inscrit dans une visée compréhensive des problématiques liées à l’inclusion scolaire mais aussi transformative des pratiques à partir de l’identification d’obstacles et de leviers relatifs à la participation à la vie sociale et à l’accessibilité des savoirs pour des collégiens en situation de handicap.
Durée : 24 mois
Financement :  financement SFR – Recherches collaboratives
Partenaire : EFTS (UMR MA 122, UT2J).

« Les enfants à BEP de 0 à 2 ans : analyses secondaires de données longitudinales (issues de ELFE et de Génération 2011) (resp. : A. Courtinat-Camps) (2015-2017)

L’objectif principal de ce projet d’analyses de données secondaires était de vérifier si les indicateurs présents dans la cohorte ELFE[1] (https://elfe.site.ined.fr) permettaient d’accéder aux spécificités des situations des familles dont un enfant est en situation de handicap. La méthodologie de cette recherche a pris appui sur l’utilisation de données secondaires dans une approche mixte combinant à la fois un volet quantitatif à partir des données Elfe et un volet qualitatif à partir des données de l’enquête sociologique Génération 2011. En plus de fournir un cadre de validation externe à la création d’indicateurs quantitatifs d’opérationnalisation des besoins éducatifs particuliers et/ou de la situation de handicap à partir d’items présents et sélectionnés dans Elfe (investigués à la naissance, à 2 mois et à 1 an), le volet qualitatif a permis d’appréhender la question des aménagements mis en place par les familles de la naissance aux 2 ans de l’enfant. Des items concernant les enfants institutionnellement déclarés à besoins éducatifs particuliers, dans une perspective plus large que l’approche épidémiologique du handicap et de la santé jusqu’alors privilégiée, ont ainsi pu être intégrés dans les protocoles de recueil de données organisés aux vagues suivantes.
Durée : 24 mois
Financement :  GIS- IREsP / INSERM.
Partenaire : GRHAPES (EA 7287 – INSHEA), CURAPP-ESS (UMR CNRS 7319).

« Enfants et adolescents à haut potentiel intellectuel (HPI) : identification et scolarisation » (resp. : B. Bourdin) (2014-2017)

Ce projet avait pour objectif de mieux comprendre le fonctionnement des enfants et adolescents HPI dans une perspective cognitive, psycho-affective, psycho-sociale, socio-culturelle et éducative, afin de proposer aux élèves en difficulté, voire en échec scolaire, une prise en charge pédagogique adaptée. Ce projet a réuni 3 enseignants-chercheurs et 1 doctorant du CRP-CPO (EA 7273) et 2 enseignants-chercheurs du CAREF de l’Université de Picardie Jules Verne. Amélie Courtinat-Camps, membre titulaire du LPS-DT, a participé à ce projet.
Durée : 36 mois
Financement :  Région Picardie
Partenaires : CAREF (UPJV) et LPS-DT (EA 1697).

 

[1] ELFE est la première étude longitudinale française consacrée au suivi des enfants, de la naissance à l’âge adulte, qui aborde les multiples aspects de la vie de l’enfant sous l’angle des sciences sociales, de la santé et de la santé-environnement. Lancée auprès de 500 familles pilotes en 2007, elle est généralisée en France métropolitaine depuis avril 2011 et concerne plus de 18 300 enfants. La gestion est assurée par une équipe mixte de suivi menée par l’INED, l’INSERM et l’EFS.