-
Partager cette page
Thématique 1 : Construction du lien social et développement du rapport à la citoyenneté
La question de la construction du rapport à la citoyenneté représente l’axe central de nos travaux. Nous souhaitons poursuivre et développer les travaux, amorcés avec la création du réseau REPCITé en 2014.
Ce premier axe explore les processus psychologiques par lesquels les jeunes construisent et expriment leur rapport à la citoyenneté, en lien avec leurs expériences plurielles de socialisation (famille, pairs, médias, école, loisirs, etc.). Il s’intéresse à la manière dont ils donnent sens, s’approprient et parfois transforment des dispositifs spécifiques (conseil d’élèves, ateliers philosophiques, conseil de vie collégienne ou lycéenne, etc.), ou des cadres de socialisation moins formels (engagements militants et politico-climatique, mouvements populaires et citoyens, pratiques associatives, pratiques culturelles et économiques alternatives) pour construire leur rapport au lien social. Notre approche se distingue de travaux plus anciens sur la socialisation politique des enfants (Percheron, 1993 ; Muxel 2001) ou encore de recherches actuelles d’orientation cognitive sur les notions de compétence ou d’empowerment (Bacqué & Biewener, 2015). Cette perspective insiste sur la part active du sujet en lien avec ses expériences personnelles et sociales. L’analyse s’étend au-delà du cadre scolaire, intégrant des pratiques issues de l’éducation populaire ou d’initiatives citoyennes. Elle comprend aussi une étude plus spécifique sur le harcèlement, menée avec la Fédération Léo Lagrange.
Plusieurs études menées dans le cadre du REPCITé (Réseau d’Études Pluridisciplinaires sur la Citoyenneté et l’Education) fondé en 2014 par l’Axe 2, ont porté sur le rapport à la citoyenneté des jeunes. Une étude pluridisciplinaire, en collaboration avec les acteurs de terrains (enseignant-e-s), a porté sur des dispositifs d’éducation à la citoyenneté (conseil d’élèves et conseil municipal d’enfants notamment) et sur leur rôle dans le développement du rapport à la citoyenneté chez des enfants scolarisés au primaire. Sur la période 2019-2024, ces travaux ont donné lieu à deux articles scientifiques (Fondeville, Beaumatin & al. 2021 ; Mieyaa, & Huet-Gueye, 2022) et un ouvrage collectif (Rouyer, Beaumatin, & al., 2020)
Dans la continuité de ces travaux, la thèse d’Elorri Corbin (financée par un CDU et co-dirigée par Y. Mieyaa et A. Beaumatin) a exploré les fonctions psychosociales de l’engagement politico-climatique chez les jeunes, en mobilisant une approche psychologique et développementale. S’inscrivant dans le cadre de la socialisation plurielle et active de Malrieu, elle analyse les liens entre engagements, construction identitaire et contexte de double crise – développementale et environnementale - à l’adolescence et durant la période de transition vers l’âge adulte. Ce travail novateur en psychologie du développement a fait l’objet de deux articles scientifiques (Corbin, Mieyaa & al., 2022 et Corbin, Beaumatin & al., 2024) ainsi qu’une dizaine de communications scientifiques dans des congrès nationaux et internationaux. Elorri Corbin a contribué à la création du junior labo interdisciplinaire CEDEF, qui vise à mieux comprendre les caractérisations contemporaines construites à propos des « écologistes ». Le projet s’appuie sur une approche pluridisciplinaire (sociologie, psychologie et sciences de l’information et de la communication) pour étudier la diversité des discours (médiatiques, militants, citoyens, politiques, etc.) sur les « écologistes », dans un contexte d’apparente diversification des modes d’action et de luttes se réclamant écologistes (Ollitrault et Villalba, 2014) et de flou sémantique autour des luttes environnementales (Bonnet et Geslin, 2019). Ce projet CEDEF constitue un espace de collaboration et de travail fédérant des chercheurs.ses aux approches et pratiques variées en sciences humaines et sociales.
Le projet « Interroger l’expérience écocitoyenne des enfants de leur point de vue pour mieux comprendre les ressorts de la construction d’une citoyenneté connectée au milieu et à l’environnement », financé par le CRSH Québec et porté par Christelle Robert (DISEC - UQAM) et Yoan Mieyaa, illustre la dynamique de l’axe 2 autour de l’écocitoyenneté. Il a été mené au Québec auprès d’élèves scolarisés au sein d’écoles dans la nature mais aussi d’élèves tout-venant afin de d’analyser le rôle de ces différentes expériences éducatives sur le développement d’une forme d’écocitoyenneté. Dans la continuité, le projet « Ecocitoyenneté et éducation au développement durable » soutenu par une subvention ECOr (Université de Bordeaux, 2023-2024) a permis de mieux structurer une équipe de chercheurs du REPCITé autour d’une approche développementale de l’écocitoyenneté, de la petite enfance à l’âge adulte, dans des contextes formels et informels.
Toujours dans cette thématique sur la citoyenneté, la recherche « Harcèlement chez les jeunes collégiens en France : du réel aux ressentis », financée par le Ministère de l’Éducation Nationale et co-porté par Yoan Mieyaa et Guillaume de Chazournes (Fédération Léo Lagrange) vise à mieux comprendre les enjeux psychosociaux du harcèlement via une recherche participative. Menée avec des équipes éducatives et des collégiens, l’étude s’intéresse au sens de leurs expériences de harcèlement dans et hors de l’école. Elle est basée sur un recueil de données mixte (questionnaire auprès de 500 adolescents, 20 entretiens semi-dirigés et focus-group sous la forme d’ateliers radio) et des temps de rencontre avec un comité de pilotage constitué de chercheurs et acteurs de terrain. Le rapport final est attendu pour le premier trimestre 2026, ainsi qu’une journée d’étude à Angers réunissant jeunes, familles, chercheurs et partenaires institutionnels. Ce projet contribue à renforcer les liens entre recherche, éducation populaire et lutte contre les discriminations.
Dans le cadre de ces travaux 3 axes sont explorés :
Approche développementale des représentations de la citoyenneté, du sentiment d’appartenance à la communauté et des modes de participation des personnes au lien social.
Dans le cadre de cette approche nous intégrons à l’analyse du rapport à la citoyenneté les spécificités des fonctionnements psychologiques et sociaux aux différents âges de la vie, et l’importance des expériences singulières vécues dans les différents milieux de vie. De la même manière, selon nous les représentations sociales liées à la citoyenneté et les pratiques citoyennes ne peuvent être étudiées sans interroger les processus psychologiques et sociaux et les liens qu’elles entretiennent avec la construction identitaire des sujets.
Analyse de l’émergence de nouveaux cadres et/ou espaces d’éducation, de formation et d’invention de la citoyenneté.
Nous étudions également comment le sujet s’inscrit dans des dispositifs, comment il se saisit et signifie ces dispositifs, comment il se les approprie et parfois les transforme et comment finalement cela participe à la construction de son rapport à la citoyenneté. Loin de se cantonner à la sphère scolaire cet axe d’étude est ouvert à d’autres cadres, plus ou moins formels, tels que les mouvements populaires et citoyens, les pratiques associatives, les pratiques culturelles et économiques alternatives, l’éducation populaire et autres projets participatifs.
Etudes interculturelles du rapport à la citoyenneté.
Cette recherche, encore en phase d’exploration, a pour objectifs : 1. de construire des outils permettant d’étudier les représentations ainsi que les pratiques citoyennes chez des enfants, des adolescents et des jeunes adultes ; 2. de réaliser des études comparatives entre ces différents contextes culturels. A l’heure actuelle les mouvements sociaux de jeunes, mais également la place de l’école et des dispositifs d’éducation à la citoyenneté sont des terrains privilégiés.