-
Partager cette page
Psychologie du développement de la personne, cultures et lien social: notre approche
Celui-ci a très tôt l’occasion de vivre des expériences sociales diverses, lesquelles s’inscrivent dans des processus d’évolution et de changement importants : nouvelles configurations familiales, diversification des modes d’accueil, évolution des rôles parentaux et plus généralement des pratiques éducatives en direction de l’enfant, ou encore les pratiques liées aux réseaux Internet.
Les nouvelles conceptions et modes de vie actuels des familles, des parents et des éducateurs orientent les pratiques et les interactions autour de l’enfant. Sa socialisation est d’emblée plurielle, ce qui nous conduit à différencier à la fois ses partenaires et les milieux, les groupes et les institutions dans lesquels il est inscrit.
La famille ne constituant pas un tout indifférencié et homogène, nous nous attachons à distinguer les relations avec la mère et le père, mais aussi les relations avec la fratrie et les pairs, peu prises en compte dans les recherches en psychologie de l’enfant. Par exemple, l’étude des processus d’attachement dans les relations du jeune enfant avec ses parents et sa fratrie montre la spécificité des conduites d’attachement en fonction du partenaire.
De même, pour reprendre la distinction de Wallon (1954), l’imprégnation par un milieu de vie n’est pas équivalente à la participation à un groupe constitué (familial, de pairs) ou encore aux effets de la socialisation institutionnelle. La pluralité des partenaires et des contextes de vie (par exemple, précarité économique, violence conjugale, famille d’accueil, recomposition familiale, etc.) se traduit par une pluralité d’expériences pour l’enfant, en termes de places, de rôles et de statuts, de contributions éducatives, de modèles d’imitations et d’identifications, et d’une façon générale de pratiques et de relations.
Ainsi nous posons l’hypothèse d’effets différenciés des partenaires et des contextes, mais aussi soutenons que le jeune enfant prend une part active à ses diverses expériences, en se les appropriant dans un travail psychologique toujours à l’œuvre. Il est en effet très tôt engagé dans un processus de subjectivation primaire (Malrieu, 1976), par lequel il va advenir comme sujet séparé et différent d’autrui, processus qui articule des processus tant cognitifs, affectifs que sociaux.
Les autrui peuvent aussi être des « autrui virtuels » avec lesquels l’enfant entretient des liens sociaux qu’il convient de préciser et d’analyser dans notre société actuelle. La pluralité de ses expériences n’est pas sans générer des conflits (internes, interpersonnels ou interinstitutionnels), conflits qu’il nous semble important d’identifier pour en évaluer les effets sur l’enfant. Par exemple, comment articuler les relations avec sa famille biologique et sa famille d’accueil, la rivalité fraternelle et l’amour des parents, la mère et l’accueillante de crèche ?
L’enfant mobilise très tôt des compétences d’ajustement, d’adaptation dans ses relations interpersonnelles, de stratégies cognitives et sociales de sorte qu’il n’est pas, loin s’en faut, totalement démuni. Il va progressivement pouvoir identifier les conflits et jouer des espaces laissés ouverts par eux, et mettre en place ses propres réponses aux situations. A une socialisation plurielle et conflictuelle répond un travail d’unification et d’intégration de ses expériences par l’enfant, par lequel il se construit comme sujet singulier.