Appropriation des évolutions sociotechniques en contexte de formation et de travail

Publié le 12 novembre 2024 Mis à jour le 16 juin 2025

La littérature insiste sur le fait que le développement continu des technologies (TIC, IA, robotisation…) redessine les activités professionnelles, de façon positive (en constituant de véritables ressources) ou négative (en modifiant les interactions ou en brouillant les frontières entre les différents lieux et sphères de vie). Les changements de modes de vie et de consommation vers une société active 24h/24, essor du travail à la demande ou via les plateformes sont autant de révolutions qui encouragent l’expansion des temps de travail atypiques. Dans des approches issues de l’ergonomie et de la psychologie sociale et du travail, les travaux menés investiguent la façon dont les travailleurs.ses se saisissent de ces évolutions sociotechniques et se les approprient, en construisant de nouveaux rapports aux technologies, aux activités et aux nouvelles temporalités de travail.

Un 1er volet porte sur la reconception des temps de travail, appuyée conjointement sur une approche multifactorielle et systémique ainsi que sur la méthodologie de la simulation. Ce nouveau cadre d’analyse offre l’opportunité de comprendre la réalité de chaque métier et de co-construire des solutions adaptées. Il fait l’objet de plusieurs publications (Cheyrouze & Barthe, 2024 ; Cheyrouze & Barthe, 2023).

Un 2ème volet porte sur de nouveaux outils de travail basés sur l’intelligence artificielle dans le domaine de la santé et de l’industrie. Il comprend deux projets de thèse qui ont fait l’objet de plusieurs communications (Le Chêne & Barthe, 2024 ; Biencourt, Gaillard, & Barthe, 2021). Une thèse en cours (Le Chêne, soutenance juin 2025) s’intéresse aux réalités professionnelles des aides-soignant.es en EHPAD et propose le nouveau concept de « charge éthique ». Elle évalue aussi l’impact d’un outil d’intelligence artificielle de détection sonore sur la qualité de la prise en charge des résidents. L’autre thèse porte sur l’introduction et le développement de l’Intelligence Artificielle (IA) dans les situations de travail, plus particulièrement dans les centres de tri et de valorisation des déchets (Biencourt, soutenance juin 2025).

Un 3ème volet porte sur les conflits de temporalités (biologiques, socio-familiales et liées au contenu du travail) induits par l’exposition aux temps de travail atypique, étudiés sous le prisme du genre. Il s’inscrit dans une collaboration internationale avec plusieurs universités du Québec, concrétisée par plusieurs communications et par l’organisation d’une journée scientifique.

Enfin, un 4ème volet regroupe plusieurs recherches qui se centrent sur les effets induits par les technologies tant au niveau des activités formatives et professionnelles que des échanges interpersonnels. De premiers travaux (Bazine, Battistelli & Lagabrielle, 2020) nous ont amenés à postuler l’émergence d’un environnement psycho-technologique et à proposer une échelle francophone permettant de saisir la perception de cet environnement psycho-technologique ainsi que les comportements d’apprentissage avec les technologies. Des études parallèles (Felonneau et al., 2019 ; Lagabrielle & Felonneau, 2023) centrées sur la transformation des sociabilités soulignent un accroissement de l’acceptabilité des cyberincivilités, qui, finalement, se banalisent en contexte de multicommunication ou lors de l’utilisation d’outils numériques. Elles pointent la constitution d’une nouvelle norme sociale d’interaction ainsi que le rôle majeur des organisations dans l’encadrement des activités à distance.