Rôle du rapport au Haut Potentiel Intellectuel sur le sens des expériences fraternelles et amicales d’adolescents identifiés à Haut Potentiel Intellectuel : Étude qualitative auprès de 30 familles (2024)

Thèse menée par Marie-Amélie MARTIN

Publié le 7 octobre 2019 Mis à jour le 8 novembre 2024

Co-direction : Myriam de Léonardis et Amélie Courtinat-Camps

Soutenue le 28 juin 2024 - UT2J

Résumé

Alors que le haut potentiel intellectuel (HPI) est aujourd’hui largement médiatisé en France et fait l’objet de nombreux mythes, des controverses persistent sur la socialisation des adolescents HPI (Tourreix, 2022). Dans les recherches portant sur la socialisation familiale, rares sont les études qui s’intéressent aux relations fraternelles et aucune n’a été conduite en France auprès d’une population de sujets HPI. Par ailleurs, très peu d’études ont été menées auprès des enfants uniques sur leur expérience d’absence de frère et sœur et aucune auprès d’enfants HPI.

Dans une approche développementale, qualitative et exploratoire, l’objectif de cette thèse est de contribuer à la construction de connaissances sur le sens accordé aux « expériences fraternelles » (Almodovar, 1981, 1998) et amicales d’adolescents identifiés HPI. À travers la notion de « rapport au HPI », nous explorons les liens entre la relation de sens et de valeur entretenue avec cette étiquette et la socialisation horizontale, avec les membres de la fratrie d’une part et le groupe amical d’autre part.

Deux procédures de triangulation (des sources et des analyses) ont été mises à l’épreuve (Garric & Capdevielle-Mougnibas, 2009). Nous avons réalisé des entretiens semi-directifs pour explorer le rapport au HPI, les expériences fraternelles et amicales de 32 adolescents HPI, 12 filles et 20 garçons âgés de 9 à 15 ans (M = 12,25 ; ET = 1,41), dont cinq enfants uniques. Des entretiens ont également été menés auprès de leurs parents (n = 42). Le HPI a été attesté par un compte-rendu de bilan psychologique. Des analyses de contenus thématiques à l’aide du logiciel NVivo et des analyses lexicométriques avec le logiciel IRaMuTeQ ont été conduites.

Les principaux résultats mettent en évidence des conceptions du HPI multidimensionnelles, hétérogènes, ambivalentes ainsi qu’une expérience de l’identification différenciée entre les adolescents HPI et leurs parents. Cinq formes d’expériences fraternelles et trois formes d’expériences amicales ont été identifiées, associées au genre de l’adolescent, à la composition de la fratrie, aux différentes formes de rapport au HPI et à la présence d’amis ou de membres de la famille considérés comme HPI. Les relations fraternelles, idéalisées par les enfants uniques, sont globalement perçues comme satisfaisantes, bien qu’ambivalentes, par les adolescents ayant une fratrie, tandis que la relation avec le meilleur ami est décrite comme chaleureuse. Le rapport au HPI semble principalement jouer un rôle sur les expériences amicales. Bien que des relations cordiales soient entretenues avec les camarades, un sentiment de différence et des difficultés (exclusion, harcèlement) peuvent être éprouvés par certains adolescents. Des stratégies d’adaptation (dissimulation, déni, évitement, suradaptation) peuvent alors être mises en place. Des spécificités concernant les dimensions à l’œuvre dans chaque type d’expérience (fraternelles/amicales, adolescents uniques/avec fratrie) ont été dégagées.

Mots-clés : Adolescence - Expériences fraternelles – Expériences amicales – Rapport au haut potentiel intellectuel – Socialisation horizontale