Éducation familiale et rapport au savoir chez des garçons et des filles tunisiens de première année d'école primaire : une approche interactionniste sociale.
Ben Miled, A. (2012)

Thèse présentée et soutenue par Ben Miled, Aïcha (2012, 06 Janvier)

Publié le 26 février 2013 Mis à jour le 5 octobre 2019

Direction : Y. Prêteur

RESUME
Le rapport au savoir est une notion complexe dont les contours sont encore peu définis. A la suite des travaux réalisés par les trois équipes de recherches qui ont abordé cette thématique (ESCOL, CREF et PDPS), nous souhaitons contribuer à l’effort de formalisation de cette notion dans un contexte arabo-musulman, spécifique à la Tunisie. Pour aborder cette question, nous nous référons à la théorie interactionniste sociale, développée par Wallon et Malrieu. Cette approche privilégiant l’étude de l’interstructuration entre l’individu et ses milieux de vie, nous avons choisi d’analyser le rapport au savoir des sujets en articulant le milieu scolaire avec le milieu familial et en traitant particulièrement de la question de l’éducation familiale. Notre objectif est de montrer que l’élaboration du rapport au savoir s’opère à travers une double dialectique entre le sujet et ses différents milieux de vie. Nous nous interrogeons sur la manière dont les styles éducatifs parentaux contribuent à orienter le rapport au savoir des garçons et des filles en première année d’école primaire. Nous inscrivons notre recherche dans un paradigme compréhensif basé sur une méthode qualitative. C’est pourquoi nous nous sommes particulièrement intéressée à l’étude des expériences subjectives de 16 élèves tunisiens scolarisés au cours préparatoire ainsi que les interactions avec leurs parents et enseignants. Selon une démarche inductive et interprétative, nous appréhendons les processus psychologique mis en jeu dans la construction de leurs rapports au savoir, à l’âge de leur première confrontation avec l’école. L’opérationnalisation de notre recherche débouche sur des résultats qui nous ont permis de saisir l’hétérogénéité précoce des processus psychologiques impliqués dans l’élaboration de trois différentes formes de rapport au savoir : le rapport épistémique, le rapport utilitaire et le rapport externalisé. En outre, nos résultats révèlent, qu’au-delà de la mise en concordance entre les catégories de styles éducatifs parentaux et les modalités des figures du rapport au savoir, seule une analyse singulière permet de saisir l’intersubjectivité des sujets. Et bien que nos résultats ne permettent pas de relever de spécificités culturelles majeures, il ressort que la socialisation différenciée opère précocement puisqu’elle est repérable selon les expériences scolaires des sujets dès cet âge. Enfin, nous concluons notre étude par l’importance de la prise en compte des interactions entre l’enseignant et l’élève, dans la mesure où elles contribuent à réorienter les interactions au sein de la famille, suscitant ainsi chez le jeune enfant conflits et crises de personnalisation dont le dépassement va amener l’émancipation du sujet.
Mots Clés : Rapport au savoir - Education familiale - Expérience scolaire - Socialisation différenciée selon le genre – Approche Interactionniste sociale - Styles éducatifs parentaux - mobilisation scolaire.

ABSTRACT
Family education and relationship to knowledge among Tunisian boys and girls in first year of primary school : social interactionism theory
Abstract : This research aims to analyse the impact of educational processes underlying the elaboration of the relationship to knowledge among Tunisian boys and girls in the first year of primary school. We focus our study on the analysis of psychological processes according to the dimensions involved in the identity and social building of the subject. In line with our social interactionism theory, which favours the study of the interstructuration between the individual and his environment, we have carried interviews among 16 children and the three dyads : parents-children, students-teachers and parents-teachers. Our qualitative approach is based on an inductive analysis mainly focused on the study of singular cases of boys and girls according to prototypical educational styles. Results show that children elaborate heterogeneous forms of relationship to knowledge as soon as they enter school. Our analyses allow us to establish the existence of coherence between parental educational style and the figures in the relationship to knowledge, as elaborated by the young children-students. It appears that while the influence from family environment is crucial, it is not exclusive if we consider the dialectic action of various environments on the one hand, and the singular domestication activity of the subject as a self-developing actor, on the other hand. From this point of view, interactions with teachers may be meaningful to school activities, enrich the school experience and encourage students' relationship to knowledge.