Comprendre notre approche

Publié le 21 septembre 2019 Mis à jour le 21 septembre 2019

Notre axe thématique s’inscrit dans la problématique générale du Laboratoire en la spécifiant par une centration sur le développement socio-affectif de l’enfant, de l’adolescent et de l’adulte en émergence. Nous situant dans une perspective développementale en référence aux travaux de Wallon et de Malrieu nous soutenons l’hypothèse d’une dialectique des processus psychologiques et des changements sociaux dès le plus jeune âge de l’enfant.

Celui-ci a très tôt l’occasion de vivre des expériences sociales diverses, lesquelles s’inscrivent dans des processus d’évolution et de changement importants : nouvelles configurations familiales, diversification des modes d’accueil, évolution des rôles parentaux, évolution des rapports enfants/adultes, évolutions des relations entre pairs et plus généralement des pratiques éducatives en direction de l’enfant, ou encore les pratiques liées aux réseaux Internet.

Les nouvelles conceptions et modes de vie actuels des familles, des parents et des éducateurs orientent les pratiques et les interactions autour de l’enfant. Sa socialisation est d’emblée plurielle, ce qui nous conduit à différencier à la fois ses partenaires et les milieux, les groupes et les institutions dans lesquels il est inscrit.
La famille ne constituant pas un tout indifférencié et homogène, nous nous attachons à distinguer les relations avec la mère et le père, mais aussi les relations avec la fratrie et les pairs, peu prises en compte dans les recherches en psychologie de l’enfant.
De même, pour reprendre la distinction de Wallon (1954), l’imprégnation par un milieu de vie n’est pas équivalente à la participation à un groupe constitué (familial, de pairs) ou encore aux effets de la socialisation institutionnelle. La pluralité des partenaires et des contextes socio-culturels se traduit par une pluralité d’expériences pour l’enfant, en termes de places, de rôles et de statuts, de contributions éducatives, de modèles d’imitations et d’identifications, et d’une façon générale de pratiques et de relations.


Ainsi nous posons l’hypothèse d’effets différenciés des partenaires et des contextes, mais aussi soutenons que l’enfant prend une part active à ses diverses expériences, en se les appropriant dans un travail psychologique toujours à l’œuvre. Il est en effet très tôt engagé dans un processus de subjectivation primaire (Malrieu, 1976), par lequel il va advenir comme sujet séparé et différent d’autrui, processus qui  articule des processus tant cognitifs, affectifs que sociaux.

Les différents autrui en tant que modèles, parents, éducateurs, amis, frères, mais également les oeuvres, les normes et les valeurs constituent autant de supports , de références que l’enfant va pouvoir intégrer, de façon partielle et partiale, au gré des situations.

La pluralité de ses expériences n’est pas sans générer des conflits (internes, interpersonnels ou interinstitutionnels), conflits qu’il nous semble important d’identifier pour en évaluer les effets sur l’enfant.
L’enfant mobilise très tôt des compétences d’ajustement, d’adaptation dans ses relations interpersonnelles, de stratégies cognitives et sociales de sorte qu’il n’est pas, loin s’en faut, totalement démuni. Il va progressivement pouvoir identifier les conflits et jouer des espaces laissés ouverts par eux, et mettre en place ses propres réponses aux situations. A une socialisation plurielle et conflictuelle répond un travail d’unification et d’intégration de ses expériences par l’enfant, par lequel il se construit comme sujet singulier.

Les recherches menées actuellement par l’équipe ont en commun de mettre au coeur de nos préoccupations scientifiques le développement de la personne, en analysant la façon dont le sujet se socialise en référence à une pluralité de partenaires et de milieux de vie. Pluralité des partenaires, des milieux, des normes, des valeurs, qui conduit le sujet à articuler des processus cognitifs, affectifs et sociaux, dans un travail de subjectivation et d’intégration de son expérience sociale. Aux groupes et aux milieux, voire aux institutions, s’ajoutent les « conditions de vie », conditions socio-économiques ou culturelles durables ou passagères, dont on peut faire l’hypothèse qu’elles influent en quelque manière sur le développement de l’enfant. La prise en compte de la pluralité des milieux et des partenaires nous conduit à développer une approche de type éco-systémique qui implique l'analyse des diverses expériences et des points de vue des partenaires de l’enfant. De plus, dans le cadre de nos travaux nous soutenons la crucialité d'une analyse du vécu subjectif et des histoires de vie des principaux concernés en développant des approches qualitatives centrées sur les expériences des sujets et sur le travail de signification mis en oeuvre pour se construire en tant que personne.