Orientation des élèves en ULIS école et processus de médicalisation des difficultés d'apprentissage : de l'échec scolaire au handicap.
Barachin-Laloum, V. (2017)

Thèse soutenue par Valérie BARACHIN-LALOUM (2017, 20 Septembre)

Publié le 16 mars 2016 Mis à jour le 14 mars 2022

Direction : M. de Léonardis

Résumé

La loi du 11 février 2005 « pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées » a provoqué une profonde mutation du système éducatif et entrainé un nouveau partage entre le monde médico-social et l’Éducation nationale avec la mise en place d’un travail de partenariat. Un changement paradigmatique majeur s’est opéré avec l’émergence du concept d’inclusion. L’école devenue « inclusive » s’efforce désormais de répondre aux besoins éducatifs particuliers de chaque élève en adaptant la norme scolaire. Les dispositifs collectifs d’inclusion sont des leviers privilégiés de la scolarisation d’élèves en situation de handicap qu’ils accompagnent suite à une notification de la Maison Départementale des Personnes Handicapées.L’objectif central de cette thèse consiste à interroger, plus de 10 ans après la loi, les processus à l’œuvre lors de l’orientation d’élèves vers des ULIS école. Certains élèves sont orientés en ULIS école sans pour autant présenter de handicap avéré. Ils sont, pour la plupart, issus d’un environnement marqué par une précarité sociale assorti d’une problématique familiale. Ces orientations qui inscrivent l’enfant sur le registre du handicap se font sous couvert d’un étiquetage médico-psychologique, les difficultés scolaires étant assimilées à de la déficience légère. Elles sont rendues possibles par un élargissement de la catégorie du handicap, par des critères d’orientation de plus en plus larges et par l’accroissement actuel des réponses médico-psychologiques face à l’échec scolaire. Il semblerait que les dispositifs ULIS continuent à assurer une fonction de régulation sociale, le recours à l’enseignement spécialisé restant socialement différencié. Dans le contexte actuel de médicalisation des difficultés scolaires, sont orientés en ULIS école des élèves qui mettent le système ordinaire en difficulté et pour lesquels, il ne semble avoir d’autre réponse que l’inscription dans le champ du handicap.

The 11th of February 2005 law « for disabled persons rights and opportunities equality, participation and civic rights » brought about a deep educational system change and provoked a new sharing between the medico-social system and the Éducation Nationale with the positioning of a partnership. A main changing paradigm has occured with the inclusion concept emergence. Schooling today inclusive is trying to answer pupils’ special educational needs by adjusting school standards. Group inclusion systems are privileged levers to help disabled pupils at school following the Maison Départementale des Personnes Handicapées notifications.This thesis main goal, more than ten years after the law for the disabled persons, consists in examining the process at work when pupils are guided towards a primary school ULIS (Unité Localisée d’Inclusion Scolaire). A certain number of pupils have received educational counselling towards primary school ULIS without any proven disability. They have, mostly, originated from environments with social and family problems. These notifications labelling children as disabled have been done on a medico-psychological basis, the children’s schooling difficulties labelled as mild disability. Those have occured because of a widening of the disability category, wider and vaguer educational counselling criterions and today’s increasing medico-psychological solutions to school underperforming. ULIS systems would seem to carry on ensuring a social regulating function, the recourse to special needs education being socially differentiated. Today’s context of medicalizing school underperformance is leading to guide towards primary school ULIS pupils, putting the common system in a difficult position, and, for whom there seems to be no other solution than labelling them as disabled.